Alors que le Président des États-Unis a signé un décret obligeant le groupe Chinois ByteDance à se séparer de l’application chinoise Tiktok pour cause d’atteinte à la sécurité des États-Unis, c’est au tour des pays européens d’enquêter sur le célèbre réseau social. Prisée par les adolescents à travers le monde pour les courtes vidéos qu’elle permet de poster à l’instar de Facebook ou What’s App, l’application suscite des inquiétudes sur son respect de la vie privée de ces utilisateurs.

La Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL), chargée de faire respecter les droits des citoyens français et de limiter toute surveillance indue par des organismes tiers a annoncé le mardi 11 août avoir démarré une enquête sur Tiktok. Cette enquête est la suite d’une plainte adressée en mai 2020 exigeant le retrait d’une vidéo. Selon la journaliste Laura Kayali du site Politico, cette plainte serait l’occasion pour la CNIL de mener une instruction sur l’ensemble des pratiques de Tiktok, notamment l’information des personnes, les possibilités pour les utilisateurs de faire exercer leur droit, l’exportation de flux d’informations hors de l’E.U. ou les mesures en place pour la protection des mineurs.

Des enquêtes sur tous le territoire européen

Cette enquête intervient alors que le groupe chinois ByteDance a annoncé ces dernières semaines la construction d’un centre de données et d’un « Trust and Safety Hub » en Irlande. Les deux établissements seront opérationnels dès 2022. Le Comité Européen de Protection des Données et les homologues de la CNIL des autres pays de l’UE ont annoncé leur volonté de mener de concert une série d’enquêtes sur le fonctionnement de l’application chinoise et ses potentiels manquement au très rigoureux Règlement Général de la Protection des Données (RGPD). En décembre 2019, un député européen avait demandé des informations à la commission sur les potentiels risques qu’entraînerait l’utilisation de cette application.

Une application qui suscite des inquiétudes

L’application Tik Tok a été créée en septembre 2016 par l’entreprise chinoise ByteDance. Sa popularité croissante à travers le monde (l’application a été le support retenu par Emmanuel Macron pour adresser ses félicitations aux bacheliers français de l’année 2020) suscite des interrogations quant à une possible collecte des informations collectées sur ses utilisateurs. La raison en est l’origine de l’application, La République Populaire de Chine, connue pour la surveillance très étroite qu’elle exerce sur sa population, sa politique d’ingénierie sociale qui punit les comportements « inciviques » et son contrôle sur Internet via le Grand Pare-Feu. Une enquête du Wall Street Journal a révélé que l’application aurait collecté jusqu’en novembre 2019 des informations sur ses utilisateurs. Ces informations sont les adresses MAC des smartphones utilisant le système d’exploitation Androïd permettent un meilleur ciblage publicitaire. Ces inquiétudes sont comparables à celles qui furent adressées au constructeur Huawei, accusé d’espionnage au profit du gouvernement chinois.